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Les oiseaux et les cigarettes

Les oiseaux et les cigarettes

Des oiseaux mexicains vivant en ville mettraient des mégots dans leurs nids pour se protéger des parasites !

L’efficacité du système vient d’être prouvée expérimentalement.  Elle reposerait sur la présence de nicotine dans les filtres de cigarette usagés.

Les oiseaux n’ont souvent pas le choix : ils doivent partager leurs nids avec de nombreux acariens parasites.  Le problème est que ces arthropodes  peuvent impacter la santé de leurs hôtes, notamment en leur prélevant du sang, ou en leur transmettant des endoparasites (parasites internes).  Le succès reproductif et la survie de certains oiseaux seraient même mis à mal en diverses occasions.  Face à cette situation, de nombreux oiseaux ont développé des mécanismes de protection.

 

Certaines espèces mexicaines auraient ainsi pris l’habitude de garnir leurs nids avec des végétaux produisant naturellement des composés chimiques répulsifs.  À ce titre, les plantes du genre Nicotiana seraient particulièrement appréciées, car la nicotine qu’elles synthétisent repousserait de nombreux arthropodes.

 

On pourrait croire que seuls les oiseaux vivant à proximité de ces plantes ont adopté ce type de comportement.  Il n’en est rien, car des oiseaux urbains ont trouvé une parade : placer des mégots de cigarette dans leurs nids.

Les moineaux domestiques (Passer domesticus) et les Roselins du Mexique (Carpodacus mexicanus) vivant sur le campus de l’Université Nationale Autonome du Mexique garnissent en effet leurs nids avec des mégots de cigarette !  Mais est-ce vraiment pour faire fuir les ectoparasites (parasites externes) ?  La réponse est affirmative, selon une nouvelle étude publiée dans la revue « Biology Letters » par Monserrat Suárez-Rodríguez.

 

 

Les feuilles de Nicotiana inclut l'espèce Nicotiana tabacum, c'est-à-dire le tabac, produisent des alcaloïdes composés à 93 % de nicotine.

Les filtres de cigarette se composent entre autres de fibres d’acétate de cellulose, sur laquelle se fixe la nicotine.

 

La présence de mégots a donc été recherchée au sein 57 nids de Moineaux et de Roselins.  On en a trouvés en quantités variables dans 87 % des cas.  Les structures construites par les Moineaux abritaient entre 0 et 38 mégots.  Une présence est encore plus importante dans les nids de Roselins, puisque 48 filtres usagés ont parfois été trouvés dans un seul nid.

 

Préalablement, les ectoparasites présents dans chaque nid avaient été récoltés.  On a constaté que le nombre de parasites récoltés par nid serait inversement proportionnel à la quantité de mégots trouvés.

Ces mégots ont donc bien un effet répulsif.

 

Mais comment agissent-ils ?

Pour le savoir, des pièges à chaleur, à une température de 37 °C ont été placés dans respectivement 55 autres nids de Moineaux et de Roselins afin d’attirer les acariens qu’ils contenaient.  Les résistances électriques de ces pièges ont été recouvertes soit de fibres provenant de mégots, soit d’acétate de cellulose vierge. Les résultats : les résistances électriques entourées de restes de cigarettes usagées ont attiré jusqu'à 2 fois moins d’arthropodes que les autres.  Or, la nicotine se fixe dans les filtres lorsqu'une cigarette est consumée. On peut en conclure que cette substance ferait bien fuir les parasites.

 

Ces oiseaux urbains auraient donc trouvé une solution pour réutiliser au mieux une forme ancestrale d’automédication.  Il s’agit d’un bel exemple d’adaptation aux nouvelles conditions de vie imposées par le développement des villes.

 

Texte adapté d’un article de Quentin Mauguit, de Futura-Sciences du 7/12/2012 (avec l'autorisation de l'auteur)

 

 

Jacques Schwers

16/02/2013

 



16/02/2013
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