ORNITHO PHOTOS

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Ma petite MAE à moi !!

Cet article est inspiré par un message de Charles Carels, ornithologue, paru sur le groupe « AVES ».

 

Ma petite MAE à moi !

La création

Le printemps dernier, après de trop longues années de réflexion, Charles Carels a négocié, au nom de sa petite association locale, avec un fermier local.  Objectif : cultiver un bout de champ avec des céréales et autres plantes non récoltées, pour nourrir les oiseaux en hiver.  Une mini MAE (mesures agro-environnementales) !

A Wezembeek-Oppem, en périphérie bruxelloise, il ne reste plus que quelques petites zones rurales, mais soumises à une telle agriculture intensive que les oiseaux y sont rares, surtout en hiver.

Après avoir obtenu la collaboration de la section locale de Natuurpunt (l’équivalent flamand de Natagora), il est parvenu à obtenir contre paiement, l’ensemencement de 70 ares avec un mélange de céréales d’été, de sarrasin, de choux moellier, du tournesol et du millet.

Vu la longueur dés négociations et puis le début de mai très pluvieux, ce n’est que le tout dernier jour du mois de mai que le champ a été ensemencé.  Un peu tard pour les céréales d’été dont le rendement sera très médiocre.  Par contre le sarrasin a poussé avec une vigueur extraordinaire et a produit énormément de graines.  Le tournesol, semé en moindre quantité a bien donné, et le chou s’est surtout développé à partir de la fin de l’été.  Pour le fun (et l’esthétique) on a également semé à la volée du coquelicot, des bleuets, nielles des blés et chrysanthèmes des moissons.

Les résultats

Fin août, le champ était magnifique : des millions de fleurs blanches du sarrasin, de majestueux tournesols.  Sur le pourtour, ce n’étaient que des petites taches rouges, jaunes et bleues de fleurs des champs !


Mais l’effet est aussi important sur les oiseaux, principales cibles de ce projet ?
Dès le début septembre, les mésanges et des verdiers  découvrent les tournesols.  Mi-octobre, quelques pinsons commencent à s’intéresser aux graines de sarrasin.

Un dimanche après midi de novembre, il y avait une bande de près de 300 pinsons des arbres et du Nord (respectivement  75 % - 25% pour chaque espèce) + des verdiers.  C’est vraiment très impressionnant de voir ces grands vols passer sans arrêt du champ aux grands arbres qui longent le chemin creux !  Autant d’oiseaux à cet endroit, c’est du jamais vu.  Quelle mangeoire impressionnante !
Les bruants jaunes  ne sont pas encore au rendez-vous, il y a bon espoir de les voir arriver plus tard cet hiver.
Une buse variable survole régulièrement le champ, preuve que les petits rongeurs ont aussi trouvé l'aubaine.

Comme quoi, gérer une petite  MAE, c’est à la portée de monsieur tout le monde !

Coûts de l’opération

Pour le terrain, on a payé 15 euros de l'are, soit un peu plus de 1.000 euros, semences comprises.


Pour le financement, on a fait appel à une e-mailing liste constituée de contacts locaux intéressés par la nature, en leur proposant de sponsoriser un ou plusieurs ares au prix de 15 euros l'are.

Voir le message sur le blog ce Charles Carels : Les hirondelles de charlie

En quelques jours plus de la moitié des "ares" étaient sponsorisés. Beaucoup de gens ont sponsorisé un are mais d'autres jusqu'à 5.  La section locale de Natuurpunt a aussi participé financièrement.  Et on a déjà une bonne partie de la somme pour recommencer l'année prochaine.

Charles Carels envoie régulièrement des nouvelles et des photos à tous ses sponsors et autres sympathisants. Et il a même organisé une visite sur place au mois d'août, sans parler des animations scolaires.

Il y a aussi moyen de se faire subsidier par la région mais c'est fastidieux et, à Wezembeek-Oppem, ce n'est pas encore possible, car la commune ne fait pas (encore !) partie du périmètre subsidiable par la VLM (Vlaamse Land Maatschappij).


Mais il n'est pas trop tôt pour préparer le printemps prochain : les agriculteurs planifient leurs champs longtemps à l'avance.

 

Il existe en région wallonne des conseillers MAE qui, parfois avec l'aide de
naturalistes locaux, conseillent et négocient avec les agriculteurs pour
implanter de telles mesures diverses, comme des bandes aménagées,
le creusement de mares, la plantation de haies, qui sont financées dans un cadre légal.

On trouve ces différentes mesures sur le site de natagora


Chez Natagora, il y a deux conseillers MAE actifs qui peuvent
renseigner sur les démarches à faire pour discuter avec les agriculteurs.

 

Relations avec les paysans

Les pinsons des arbres et du Nord qui fréquentent le champ sont des migrateurs en hivernage qui ne risquent pas de se sédentariser. De plus, ces oiseaux n'ont jamais été considérés comme très nuisibles aux cultures.  Pas plus que les bruants jaunes qui vont débarquer prochainement.
Au départ, le paysan, ancien propriétaire du champ, craignait que cette récolte « abandonnée » ne fasse un peu trop le bonheur des corneilles, déjà très  (trop) présentes dans cet environnement périurbain.  Mais jusqu'à présent les corneilles ne semblent pas le fréquenter.
Une autre source de discussion me semble par contre plus probable : les "mauvaises herbes" qui s'y développent  inévitablement, surtout les rumex.

 

Une expérience à suivre !!!

 

Jacques

5/12/2012

PS : Je remercie Charles Carels de m’avoir autorisé à citer ici son expérience.

 



05/12/2012
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