Bec d'oiseau et migration
Le bec des oiseaux, un détecteur de longitude ?
Hirondelle rustique - photo JS (C)
Il semble établi que des animaux peuvent percevoir le champ magnétique terrestre, notamment pour s'orienter lors de longs déplacements.
Cependant, les mécanismes cérébraux en jeu restent toujours obscurs.
Une étude récente a décrit les neurones traitant les informations géomagnétiques chez les pigeons. Les résultats sont là : ces oiseaux seraient dotés d’un véritable GPS biologique fonctionnant parfaitement de jour comme de nuit (voir mon article sur l’orientation des pigeons)
Même si les études en laboratoire ne sont pas unanimes sur le sujet, il semble que les oiseaux utilisent bien leur bec pour s’orienter en fonction du champ magnétique terrestre.
Des études établissent que les magnéto détecteurs innervés par les nerfs trijumeaux, qui établissent une connexion nerveuse entre le bec et le cerveau, seraient impliqués dans la détection de la longitude.
Comment fonctionne la magnéto détection chez les oiseaux migrateurs, dont certains parcourent des milliers de kilomètres vers leurs sites d’hivernage.
Plusieurs théories s’affrontent.
Pour certains, les magnéto-récepteurs doivent se situer dans le bec, pour d’autres, dans les yeux. J’ai même lu un article impliquant l’odorat chez le Pigeon biset. Il y a aussi l'implication de l’oreille interne : une théorie appuyée, en 2013, par la découverte de billes de fer dans les cellules ciliées des oiseaux.
Cependant, pour Hendrik Mouritzen de l’Université d’Oldenburg (Allemagne), les passereaux migrant de nuit auraient une "boussole" dans les yeux et un second sens magnétique qui implique une des branches des nerfs trijumeaux, celle-là même qui innerve le bec.
Au vu des premiers résultats ce chercheur s’est demandé si le bec n’est pas utilisé pour détecter une position longitudinale, c’est-à-dire selon un axe est-ouest. Avec l’aide de collaborateurs, un nouveau protocole d’étude a été mis au point. Les résultats obtenus viennent d’être publiés dans la revue Plos One : le bec intervient bien dans la navigation géomagnétique chez les oiseaux !
Normalement, les Rousserolles effarvattes (Acrocephalus scipaceus) qui vivent à Rybachy (au nord ouest de la Russie) migrent en volant vers le nord-est, en direction du sud de la Scandinavie (la zone entourée d'un cercle sur l'image).
L'expérience a été menée par le chercheur russe Kishkinev et al., en 2013, et repris dans la revue Plos One.(http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0065847)
Deux groupes de rousseroles ont été transportée et lâchées à Zvenigorod (à 1000 km plus à l'est) L'un des deux groupes n’avaient pas de connexion neuronale entre leur bec et leur cerveau. L'autre était le groupe témoin.
(Photo explicative extraite de l'article)
Le bec des oiseaux : un détecteur de longitude ?
Lors de leur libération à la station biologique Zvenigorod, à 1000 km plus à l'est de Rybachi et à 40 km à l’ouest de Moscou, plusieurs comportements ont été observés.
Les rousserolles effarvattes saines ont pris la direction du nord-ouest (itinéraire # 2, sur la carte), filant en direction nord-ouest, droit vers leur aire habituelle au sud de la Scandinavie.
En revanche, les sujets ayant des nerfs trijumeaux sectionnés sont partis vers le nord-est, comme ils auraient dû le faire s’ils avaient décollé de Rybachi (itinéraire # 1 sur la carte). Ainsi, ils n’ont pas su déterminer leur position de départ, et donc le déplacement artificiel ouest-est..
Les branches ophtalmiques des nerfs trijumeaux sont donc bien impliquées dans la magnéto-détection des oiseaux, mais en est-il de même pour le bec ? Les chercheurs tentent de localiser les magnéto-détecteurs pour apporter une réponse finale.
Extrait et adapté d’un article de Quentin Mauguit, Futura-Sciences
Remarques personnelles
La migration reste encore un mystère pour nous. C’est la raison pour laquelle tant d’expérience sont menées, tant d’hypothèses sont émises.
Je suis conscient de l'importance que certains peuvent accorder à l'explication du phénomène de migration.
Cependant, je suis, personnellement, assez choqué de voir mutiler des oiseaux de façon définitive pour notre simple envie de savoir, notre simple envie de comprendre.
Est-ce bien nécessaire ?
C'est la question que je me pose. Que je VOUS pose !!!
J'attends vos commentaires.
A bientôt
Jacques
Le 3 juillet 2013
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